Historique :



Les bains-douches ont été réalisés sur un terrain appartenant à la Caisse d'Epargne, jouxtant son agence locale.
Le projet est ancien puisque le conseil des directeurs de la Caisse d'Epargne de Boussac vote la construction des bains-douches le 4 juin 1918.

Une lettre du 18 août 1918 du président du conseil d'administration adressée au préfet de la Creuse, témoigne du désir d'y fonder un établissement de bains et ce malgré la guerre ; la Caisse d'Epargne aurait souhaité que l'agent voyer de la commune coopère à ce projet : " ...A une époque où les travaux des routes sont arrêtés par la pénurie des matières premières et de la main d'œuvre, il ne paraît pas que le temps de M. l'agent voyer soit absorbé au point d'empêcher ce fonctionnaire à s'occuper d'un petit travail que, par une chance inespérée en ce moment, la Caisse d'Epargne de Boussac se croit en mesure de réaliser, malgré tout... ".
L'architecture réalisée est le résultat de la pénurie engendrée par la guerre : " ... Le principal obstacle à cette réalisation est précisément l'absence de tout architecte dans le pays... ".
La Caisse d'Epargne espère réaliser ce projet à moindre coût, sans faire appel à un architecte éloigné et obtenir la collaboration de M. Saugère connu depuis 18 ans dans la ville pour avoir réalisé des petits travaux, moyennant des honoraires ordinaires de 5%.
Finalement M. Saugère ne peut pas participer aux travaux et le conseil d'administration menace de "... renoncer purement et simplement pour le moment, à l'exécution d'un projet peu important, mais intéressant, et même urgent à l'heure actuelle... ". Personne ne pouvant établir les plans et les devis des travaux de construction, le projet ne sera relancé qu'en 1932.
Le conseil d'administration de la Caisse d'Epargne décide la construction par délibération du 29 juin 1932 et précise lors de sa commission l'utilité de cet-établissement : " ...attendu que les établissements similaires sont situés à 40 kilomètres environ de Boussac... (1).
Les bains-douches se révèlent indispensables dans ce contexte et constituent une innovation sur le plan de l'hygiène sociale locale.
Un courrier du conseil d'administration de la Caisse d'Epargne de Boussac sollicite une subvention sur le produit des jeux le 30 juillet 1932.
Ce projet reçoit un avis favorable du conseil départemental d'hygiène le 11 août 1932.

Le 16 novembre 1932, une subvention du ministère de l'Intérieur est accordée, elle s'élève à 114 000 F pour un total de 342 400 F. Les plans datés du 28 septembre 1932 sont dessinés par l'architecte Raynaud de Montluçon.
Le 12 octobre 1935, l'ingénieur en chef des ponts et chaussées, délégué au contrôle de l'exécution des travaux, constate l'achèvement de l'établissement.
Le 19 août 1935, la Caisse d'Epargne demande le règlement du solde de la subvention de l'Etat.

(1)  Archives communales

Architecture:



Les bains-douches situés au 13 rue de la République se présentent comme une simple résidence pavillonnaire de deux étages, aux façades crépies, appuyée au nord sur le bâtiment de la Caisse d'Epargne et couverte d'une toiture à deux pans en ardoise d'Angers.
Cet édifice servait de pavillon d'entrée et d'accueil pour les clients. C'est sur l'arrière, à l'est, entièrement caché à la vue, que se trouve le bâtiment des douches proprement dit, aujourd'hui transformé en une grande salle.
Le pavillon d'entrée aux soubassements de granit et à la façade en moellons est composé de trois travées, la porte située au milieu donnant sur le vestibule.
Les baies du rez-de-chaussée adoptent une forme trapézoïdale contemporaine. L'entrée est précédée par un petit perron en ciment armé flanqué de deux rampants, chacun décoré d'une boule. Elle est soulignée par un auvent à deux pans, soutenu par des aisseliers en bois. Des petits cordons de forme trapézoïdale ou droite, formés de briques pressées recouvertes d'une peinture durcissante et imperméabilisante, le silexore, de teinte bleu-vert et orange, reprennent la forme des baies, les encadrent et délimitent chaque niveau. Ce décor ponctue aussi la fin de la façade par des aplats géométriques sous la toiture et au niveau du fronton. Il encadre l'inscription " Bains-douches " en mosaïque dorée sur fond bleu azuré. Le bâtiment arrière est de facture beaucoup plus simple, sans décoration. La maçonnerie est réalisée en briques creuses. Une voûte en béton armé en assure la couverture. La toiture est chapeautée par un lanternon sommital sur toute sa longueur pour assurer un éclairage naturel maximal. Ce sont des pavés de verre disposés sur les côtés du lanternon qui diffusent la lumière. Le pavillon sert au rez-de-chaussée à l'accueil des clients et aux étages supérieurs au logement du préposé. Au premier étage, recouvert d'un parquet à bâtons rompus, se trouvaient une cuisine et deux pièces ; au second, deux chambres mansardées de 14 m2, sans cheminée, étaient éclairées par une fenêtre donnant sur la rue. Un poêle permettait de chauffer les pièces.

La chaufferie(2), située à la cave, était équipée d'une chaudière à charbon pour la production d'eau chaude à basse pression et pour le chauffage de la salle des douches, où 20° C sont prévus, et de la salle d'attente où la température ambiante devait être de 18° C.

(2) Modèle Idéal : spéciale pour chauffage de l'eau chaude.

Espace intérieur, agencement, fonctionnement et pratiques :


Après être passé par une grande salle d'attente très lumineuse, carrelée en grès sur deux mètres de haut, le client paye son entrée à la caisse de forme rectangulaire installée un peu en arrière, au milieu du hall. Placée au centre, elle sépare la file des hommes à gauche et celle des femmes à droite. De chaque côté de la caisse, séparés par une demi-cloison, se trouvent à gauche un escalier en chêne desservant les étages supérieurs et à droite une lingerie permettant le repassage du linge de toilette.

Dans ce dernier local a été rajouté plus tardivement un chauffe-eau électrique de 3000 litres. A l'intérieur de l'espace dédié aux douches, le sol est en béton de ciment. Un mur en briques creuses sépare le couloir des femmes de celui des hommes, chacun d'une largeur de 2 m. Toute la surface est recouverte de carreaux émaillés blancs sur 2.50 m de hauteur. Au-dessus, la peinture appliquée est pour deux couches à l'huile, puis ripolinée. Douze douches se répartissent dans cet espace, 6 de chaque côté, auxquelles se rajoute un w-c. à proximité de l'entrée. Chaque cabine fait 1,75 m de largeur sur 2.40 m de longueur. Dans l'espace de déshabillage on trouve une savonnière, un porte-manteau. Les portes sont munies de ferrures en bronze poli. La douche est équipée d'un mélangeur en bronze poli avec un thermomètre gradué et d'un bac en porcelaine émaillée(3).
En 1972, au moment de la vente du bâtiment à la municipalité, deux douches avaient été transformées en baignoires.

Aujourd'hui l'établissement est désaffecté depuis plusieurs années " ...en raison d'une rentabilité insuffisante (clientèle peu nombreuse, système de chauffage onéreux)... (4). Lors des courriers échangés entre la municipalité et le président de la Caisse d'Epargne, le maire tient à souligner l'importance de l'action sociale exercée par cette institution bancaire et la sollicite pour d'autres projets : " ...Depuis toujours votre conseil d'administration ayant favorisé la réalisation d'œuvres sociales, telles que : bains-douches, etc., la municipalité de Boussac serait prête à collaborer avec vous pour d'autres réalisations du même ordre (cantine, maison de jeunes, ...).,. ". Le bâtiment est racheté par la municipalité à la Caisse d'Epargne le 9 février 1972 pour 105 000 F. Depuis, tout l'intérieur a été totalement réaménagé et les équipements sanitaires des bains-douches ont disparu pour laisser place à une grande salle. La façade décorée de céramique avec l'inscription " Bains-douches " est intacte.

(3) Type " Aubervilliers " nc 928 bis de la maison Jacob Delafond avec bonde de vidange.
(4) Extrait de la description insérée dans I acte de vente de 1972.

René Sappin des Raynaud:


est un architecte français, né à Gouzon (Creuse) le 17 août 1878 et mort le 14 août 1951

Réalisations:
  • Le château de la Louvière
  • Bains-douches de Boussac
  • Caisse d'épargne de La Souterraine
  • Hôtel particulier (devenu immeuble du Crédit agricole) à La Souterraine. (1910)


Copyright © 2022. Tous droits réservés.lundi 18 juillet 2022